Cette semaine, c’est la vision (officieuse ou supposée… cela reste à déterminer!) de Steven Elop de l’avenir de Microsoft qui nous fournit le sujet du présent billet. Passons rapidement sur l’avenir personnel de Steven Elop, j’ai en effet quelques difficultés à être objectif le concernant. Pour tous ceux qui, comme moi, ont eu pour premiers téléphones des Nokia, il est difficile de ne pas lui tenir rigueur de l’abandon du projet de téléphone Android par Nokia. J’aurais tant aimé pouvoir tenir en main un portable combinant la qualité de construction Nokia, les services de navigation issus de l’acquisition de Navteq et le système d’exploitation mobile de Google. Eternels regrets…
Tournons nous donc vers l’avenir avec la stratégie centrée sur Office évoquée par Stephen Elop dans l’article de Bloomberg. Il n’y a en réalité dans cette stratégie nulle rupture mais un renforcement de la démarche initiée par Microsoft il y a maintenant plusieurs mois. Avec les progrès des technologies web, le contrôle du système d’exploitation n’a tout simplement plus le même caractère critique. De préférence à une concurrence frontale avec Windows, Google s’attache ainsi à faire de Chrome une plate-forme applicative, au-dessus et indépendamment du système d’exploitation.
L’environnement de travail de l’utilisateur et en particulier les outils de productivité qu’il utilise sont aujourd’hui largement dans le Cloud, à l’image des Google Apps. L’enjeu pour Microsoft est donc de conserver la maitrise, non pas du poste de travail de l’utilisateur comme cela a été le cas au cours des dernières décennies, mais de son environnement de travail.
A cette fin, le maintien de la prédominance de la suite bureautique Office face à la concurrence frontale des Google Apps est absolument critique. Et l’agressivité de Microsoft à promouvoir Office 365 montre bien que la société a pris la pleine mesure de l’enjeu. La firme de Redmond a donc réagi avec vigueur au cours des derniers mois, et à plusieurs niveaux:
- Tout d’abord avec une politique commerciale extrêmement agressive auprès des grands comptes qui a permis de limiter la progression de Google sur ce segment de marché. Si les Google Apps ont réussi à s’imposer auprès des petites sociétés et entreprises moyennes (en particulier grâce à la gratuité offerte aux entreprises de moins de 10 personnes jusque fin décembre 2012) Microsoft règne toujours sur les grands comptes.
- Ensuite par un effort d’évangélisation auprès des utilisateurs de demain: Microsoft offre désormais Office 365 gratuitement aux étudiants pour autant que le personnel enseignant et administratif ait souscrit à une license.
- Et enfin par un travail remarquable sur le produit, avec l’ajout de l’édition collaborative à la version web, l’inclusion de Yammer dans les versions « entreprise » et le « portage » progressif d’Office 365 sur les systèmes d’exploitation mobiles de Google et d’Apple.
La transition vers Office 365 est certes à haut risque, compte tenu du poids des licenses Office dans le chiffre d’affaire du géant américain, mais Microsoft semble être en passe de la réussir, au moins dans le monde de l’entreprise. En dépit des difficultés de la firme de Redmond dans le mobile et le grand public, ceci garantirait à Microsoft une position enviable: qui héberge les données contrôle leur édition, la fourniture de services liés ainsi que la monétisation éventuelle des informations stockées…